Dans cet entre-deux-tours, nous décrytons les propositions en matière de logement et d'immobilier des deux candidats à l'élection présidentielle. Que disent leurs programmes ?
Alors que les français sont 12 % à demander la mise en place d’un plan national de construction de logement et 10 % à plaider pour une simplification des formalités d’achat, voici ce que propose les candidats :
L'accession à la propriété :
116 745 ménages ont bénéficié du PTZ en 2016, un crédit gratuit réservé aux primo-accédants (personnes achetant pour la première fois) et ce coup de pouce s'arrête au 31 décembre 2017. Que se passe t-il ensuite ?
Marine Le Pen compte faciliter l'accès à la propriété en renforçant les dispositifs existants.
Emmanuel Macron souhaite mettre en place des politiques sectorisés en matière de logement et d'accession à la propriété basés sur des mécanismes d'aides.
L'investissement locatif :
La Fédération des promoteurs immobiliers a annoncé une hausse de 23% de vente de logements neufs aux investisseurs en locatif en 2016. Une croissance qui est la conséquence du bon calibrage du dispositif Pinel. En effet, avec elle les acquéreurs peuvent déduire jusqu'à 63 000 € directement de leurs impôts. Cette loi s'arrête au 31 décembre 2017 et on sait que sans mécanisme d'incitation fiscale, les ventes aux investisseurs particuliers ne dépasseraient pas les 20 000 logements selon les estimations de la FPI (contre 61 325 en 2016).
Emmanuel Macron et Marine Le pen devraient maintenit le Pinel en vigeur, même si le candidat de En Marche ! souhaite en mesurer l'efficacité et la candidate du Front National ne s'interdit pas de rationaliser les dispositifs de soutien au logement.
Les loyers et le secteur locatif :
Placé sous l’étroit contrôle de la puissance publique, avec notamment l’encadrement des loyers pour 1 149 villes situées en zones tendues, ou encore le système de plafonnement des loyers à Paris et à Lille voulu par la loi Alur ; un arrêt du Conseil d’Etat du 15 mars 2017 est venu compléter en imposant la généralisation de ce dernier dispositif à toutes les communes des zones tendues, comme le prévoyait au départ la loi Alur. Une mesure qui mettra du temps à entrer en vigueur… si elle est adoptée.
Selon Marine Le Pen, l’encadrement a certes fait baisser les loyers, mais il a un aspect dissuasif pour les investisseurs. Elle souhaite que la question soit abordée de façon moins contraignante.
Et pour Emmanuel Macron : il considère que le dispositif d’encadrement des loyers a des effets pervers. Il compte avant tout l’évaluer pour soit le débrancher progressivement, soit pour peut-être le conserver comme il l’a signalé à la Fondation Abbé Pierre. Emmanuel Macron est muet sur les rapports locatifs. Il dément catégoriquement la rumeur selon laquelle il taxerait les propriétaires ayant remboursé leur prêt.
La construction de logements :
465 100 permis de construire ont été attribués entre avril 2016 et mars 2017.
Une hausse de 14,5 % par rapport aux douze mois précédents d’après le Commissariat général au développement durable. Les taux très bas ainsi que les mesures de soutien au logement neuf tels que le PTZ, la loi Pinel, les programmes en TVA réduite, ont permis de meilleurs commercialisations. Une bonne chose, car cela se répercute forcément sur l’activité du bâtiment.
Le programme de Marine Le Pen propose de mettre en place «
un grand plan d’aide à la construction et à la réhabilitation de logements ». Elle souhaite par ailleurs
simplifier les normes de construction, qui sont actuellement au nombre de quatre mille.
Quant à Emmanuel Macron, il compte définir des Zones de construction prioritaires sur les secteurs très tendus. L’objectif :
créer un choc d’offre pour contenir les prix. 100.000 nouveaux logements seraient destinés aux étudiants et aux jeunes actifs. Il souhaite aussi mettre en place un
moratoire sur les normes de construction.
En résumé :
Sur le fond, aucun candidat ne propose un programme de rupture. Comme les précédents présidents,
tous deux souhaitent produire davantage de logements. Il reste à savoir où les bâtir précisément et comment financer les nouveaux projets.
Les architectures des principaux dispositifs de soutien sont conservées avec des retouches mineures. L’aide à l’accession à la propriété n’est pas remise en question, le PTZ ayant fait la preuve de son efficacité.
L’avantage fiscal Pinel sera conservé pour les mêmes raisons.
Source : PAP
Crédit photo : Le Point